A l’approche des élections européennes, mon fil d’actualité sur les réseaux sociaux s’est rempli de campagnes de publicité des institutions européennes et du gouvernement français pour m’inciter à aller voter le 26 mai. A ce titre, il m’a paru intéressant de compiler ces campagnes (liste non-exhaustive !) et de voir également les stratégies mises en place par les géants du web pour lutter contre les fake news.
Une bataille électorale en ligne
Avec un taux d’abstention pronostiqué aussi important voire plus haut qu’en 2014 (seulement 40% des français songent à aller voter (enquête Ipsos-Sopra Steria du 20 mai pour Le Monde)) les défis pour les institutions européennes ainsi que le gouvernement français (en tant qu’État membre) s’annoncent de taille ! Entre les votes sanctions sur les politiques nationales, le Brexit ou le manque d’information sur le fonctionnement de l’UE, quelles communications ont été choisies ?
Au niveau du Parlement européen
Le parlement européen a choisi pour les élections de construire sa communication autour d’un spot vidéo qui utilise les ressorts de l’affectif et de l’émotion. Diffusée sur Youtube et déclinée sur les autres réseaux sociaux, la campagne “Choisissez votre avenir” a atteint les 75 millions de vue, 1 semaine après son lancement.
Vous pouvez voir ci-dessous la vidéo Youtube ainsi que certaines des publicités déclinées sur les réseaux sociaux.
Pour toucher les jeunes électeurs, le Parlement européen collabore avec Snapchat. Le réseau social propose à ses membres des bitmojis, des filtres dédiés, et les alertera pour leurs rappeler d’aller voter. Article complet sur le site influenth.
Au niveau français
Le gouvernement français a lui aussi lancé une campagne de promotion en vue d’inciter les citoyens à aller voter. Appelée “Oui je vote“, celle-ci est déclinée sur les réseaux sociaux pour atteindre un maximum de publics.
Vous pouvez voir ci-dessous la campagne déclinée sur certains des réseaux.
D’autres initiatives hors institutions ont été mises en place pour inciter les citoyens à aller voter. Exemples : “Vote&You“, le tinder pour découvrir quel est votre candidat idéal ou encore “La boussole” organisé par le journal 20 Minutes et le CEVIPOF (Centre d’étude de la vie politique française) pour découvrir quel parti correspond le mieux à vos idées.
GAFA vs Fake news
Vivement critiqués lors des dernières élections pour ne pas avoir assez lutté contre les fake news, les GAFA (Google Apple Facebook Amazon) ce sont cette fois mobilisés. C’est notamment le cas de Google et Facebook qui ont lancé un certain nombre d’outils et d’équipes pour surveiller ces pratiques. Alors quels sont ces dispositifs ?
Une War room au service des élections
Le réseau social Facebook a mis en place une “War Room” dans ses bureaux irlandais pour lutter contre les fake news. Cette cellule a pour but de surveiller la propagation de fausses informations et d’ingérences étrangères.
En signe de transparence vous pouvez être informé des dernières évolutions du réseau social sur leur page dédiée : https://newsroom.fb.com/news/2019/03/ads-transparency-in-the-eu/
Mise en avant des élections européennes dans le fil d’actualité Facebook
Autre dispositif ajouté : Facebook affiche de temps en temps un rappel sur les élections européennes dans les encarts du fil d’actualité pour ne pas oublier d’aller voter.
Dans les résultats du moteur de recherche
Un travail de mise en avant d’informations pertinentes a été fait sur le moteur de recherche Google afin de proposer au maximum des informations vérifiées émanant des sites internet gérés par le Parlement européen. En effet, le référencement a été optimisé pour que ces informations apparaissent en position 0 sur les pages de résultats, c’est-à-dire avant l’ensemble des pages, qu’elles soient sponsorisées ou non.
Exemple avec la capture d’écran ci-dessus.
Youtube
De leur côté, les équipes Youtube ont publié une vidéo explicative (ci-dessous, en anglais) sur la manière dont elles luttent contre les fake news en vue des élections européennes.
La lutte contre la désinformation, un secteur en pleine croissance ?
Les GAFA ne sont pas les seuls à s’être penchés sur le cas des fake news. En effet, au delà d’acteurs plus traditionnels tels que “Les décodeurs” du journal Le Monde (et leur outil “Decodex”), des associations ou des start-ups se sont multipliées autour de l’idée de pouvoir transmettre des informations à l’utilisateur final sans quelles ne soient détournées ou erronées. C’est le défi que ce sont données par exemple la start-up “Neutral News”, l’ONG “EU DisinfoLab” ou encore le service américain “NewsGuard”. Focus sur ces organisations :
La start-up “Neutral News” et son système d’intelligence artificielle
Ce sont 3 étudiants ingénieurs à l’EPITA qui ont éveillé l’attention du public en présentant leur solution Neutral News lors du salon Vivatech qui a eu lieu à Paris du 16 au 18 mai 2019 dernier.
Leur solution, lancée en fin d’année 2018, repose sur l’intelligence artificielle. L’outil est disponible sous forme d’un tableau de bord en ligne. Neutral News condense les actualités selon les préférences de l’utilisateur tout en y ajoutant des indicateurs (géographiques, articles similaires…) lui permettant ainsi de vérifier la fiabilité de l’information.
L’ONG EU DisinfoLab, la collaboration d’experts à travers l’UE
Spécialisée sur l’Union européenne et ses états membres, l’ONG EU DisinfoLab fédère un ensemble d’experts qui luttent contre les campagnes de désinformation. Ceux-ci analysent des tendances et menaces pour ensuite faire des recommandations politiques aux institutions de l’UE et à leurs États membres. L’ONG facilite la collaboration par une plateforme en ligne ainsi que par des événements qu’elle organise à travers l’Europe.
Leur rapport sur les actions de l’UE contre la désinformation : https://www.disinfo.eu/2019/05/20/eu-library/
L’ONG organise sa conférence annuelle les 28 et 29 mai 2019 à Bruxelles.
Le service NewsGuard, l’extention à installer sur votre navigateur
L’américain NewsGuard vient de lancer cette semaine (22 mai 2019) en France son service de notation des sites d’information selon leurs fiabilités. Créé à l’origine pour les États-Unis il y a 1 an, le service a très vite été développé également au Royaume-Unis et en Italie. Le principe est simple : lorsque vous installez l’extension sur votre navigateur (Firefox, chrome…) vous avez ensuite la possibilité en allant sur les sites que vous visitez de savoir si les informations qu’elles contiennent sont jugées fiables.
En bref
Bon nombre de dispositifs ont été mis en place pour ces élections : que ce soit pour inciter à aller voter ou pour renforcer la véracité des informations qui se propagent sur le web. Les institutions politiques ont bien compris que pour toucher les citoyens elles devaient être fortement actives sur les réseaux sociaux. Quant aux GAFA, leurs mobilisations pour lutter contre la désinformation ont permis d’établir des bases plus saines pour les élections à venir. Et si ce n’est pas assez, l’internaute a de plus en plus de services en ligne pour pouvoir dissocier d’une information le vrai du faux.
Il n’en reste pas moins que les systèmes d’algorithmes (de Facebook par exemple) montrent en priorité du contenu en lien avec nos contacts, nos recherches sur internet et nos centres d’intérêt, et que l’on est finalement prisonnier de ces cercles. Les actions de communication toucheront donc probablement moins ceux qui sont au cœur de groupes de désinformation, où l’effet sera alors peut-être inverse, les renforçant dans leurs convictions.
Ces campagnes de publicité en ligne auront-elles l’effet escompté, sauront-elles éveiller l’intérêt des électeurs ? Nous verrons ce qu’il en ressort après le résultat des élections du 26 mai 2019 !